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La globalisation des échanges a favorisé la circulation massive des données au niveau mondial, ce qui, impulsé par les foudroyantes évolutions technologiques que connait le monde, ainsi que l’utilisation quotidienne de l’internet, elle-même omniprésente ; soulève de nouveaux enjeux liés à la protection des données.

A l’heure où la data privacy est au centre des interactions et activités humaines, le développement des réseaux sociaux, et au-delà, l’ensemble des outils disponibles en ligne pour partager du contenu (texte, photo, vidéo), font du cyberespace, non seulement le territoire phare de l’« exposition de soi », mais aussi celui de ce que le politiquement correcte veut bien appeler, le crime organisé. Cette question qui au regard des risques qu’elle pose pour les citoyens en termes d’exposition à la cybercriminalité, fait l’objet de nombreux débats y compris sur le plan juridique afin de déterminer les meilleures parades à mettre en œuvre pour protéger les individus d’eux-mêmes ; fait curieusement couler très peu d’encre en Afrique.

Que de fois avons-nous eu écho des nombreux cas de fraude bancaire, d’espionnage, de Revenge porn, de chantages, d’usurpation d’identité ou d’escroquerie en ligne ? L’exposition de soi et des autres est un fait réel en Afrique et dans le reste du monde. Chaque jour, plus de trois cents millions de photos sont partagées sur internet aux quatre coins de la planète alors que les appareils photos deviennent connectés et que les applications mobiles favorisent le partage, faisant de la photo, le cœur d’activité du web social. Le récent #10yearschallenge qui a enflammé les réseaux sociaux en est une preuve indéniable.

En 2015, 35% des recruteurs reconnaissent avoir écarté un candidat à un emploi suite à des traces négatives sur les réseaux sociaux ; ce qui pose toute la question de l’hygiène numérique qui reste encore peu évoquée en Afrique. Un sujet sur lequel la messe n’a clairement pas été dite !

A une échelle supérieure, au niveau des Etats, les enjeux sont davantage d’ordre sécuritaire car l’urgence reste constante d’être en mesure de se prémunir contre les attaques à nos systèmes d’information et de protéger les données sensibles pouvant mettre en cause la sécurité nationale. Il est par ailleurs à noter que le manque de ressources qui pousse les pays africains à héberger leurs données hors de chez eux est mutilant et en ce sens, met à mal la souveraineté des africains sur leurs données. Construire une issue serait un excellent moyen pour les africains de se restituer à la dignité du bonus paterfamilias.

La présence d’outils tels que l’acte additionnel de la CEDEAO sur la protection des données à caractère personnel mis en place en 2010 ainsi que la convention africaine sur la cybersécurité et la protection des données personnelles publiée en 2014 par l’Union Africaine est à saluer. Toujours est-il que le monde évolue avec une vitesse inouïe, et qu’il faut tenir la cadence. Force est toutefois de constater que les pays africains se dépêchent encore lentement, ce qui implique que des efforts doivent être faits dans le sens de la priorisation rampante de toutes les questions liées à la protection des données à caractère personnel.

Nul besoin d’avoir à vivre notre version d’une Affaire SAFARI, pour interpeller la conscience collective africaine sur les conséquences potentiellement néfastes de l’informatique, en particulier dans les administrations.

Ceci est fondamental et il en va de la solidité de notre ancrage dans la mondialisation car de plus en plus d’entreprises africaines traitent avec des entreprises étrangères et occidentales qui sont régies par des textes à l’instar du règlement européen sur la protection des données, connu sous l’acronyme RGPD ; qui régit la collecte, le traitement, la sécurisation, la conservation et le transfert des données tout en n’étant pas exempt de mesures en ce qui concerne les applications extraterritoriales. En clair les entreprises africaines évoquées ci-dessus doivent pouvoir s’arrimer aux règles étrangères en termes de protection des données, ce qui pose un enjeu économique colossal eu égard aux carences matérielles du continent.

Créer et harmoniser les règles de protections des données au niveau africain reviendrait à bâtir un socle solide et commun de gestion des données personnelles sur le continent. L’initiative gagnerait à être envisagée fut-ce au niveau sous-régional pour impacter et apporter un souffle nouveau au développement de l’activité économique du continent car il est frappé du coin du bon sens que ne rien faire serait, extrêmement préjudiciable dans un avenir plus ou moins proche, et il n’est aucun besoin d’être Jean le Baptiste pour le prédire. Il nous faut agir avec prudence et réflexion, et à ce titre, benchmarker les bonnes pratiques serait un bon début car pour nous africains comme pour le poète Juan Guerra Caceras, « sage est celui qui recueille la sagesse des autres ».

« Mais il eut l’intime conviction que les êtres humains ne naissent pas une fois pour toutes à l’heure où leur mère leur donne le jour, mais que la vie les oblige de nouveau et bien souvent à accoucher d’eux-mêmes » ; ces mots de Gabriel Garcia Marquez in « L’amour au temps du choléra », nous rappellent que si nous n’avons pas encore de 28 janvier africain et si les textes sont encore absents, il ne faut surtout pas négliger ce qui, au plus profond de l’Homme, lui fait se mouvoir et qui en filigrane le rend vulnérable sur internet. Des sensibilisations massives sont alors à encourager auprès des citoyens africains qui, emportés dans un mouvement océanique, perdent souvent de vue le danger qui plane sur le cyberespace. Soyons de bons élèves, révisons notre copie et ne faisons pas le choix de l’école buissonnière !

Source: cavie



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